jeudi 9 octobre 2014

au suivant ! ...



Au rond-point de sortie d’Arica, le panneau indique les deux pays frontaliers qui ont encore des vues sur cet extrême nord chilien : le Pérou par orgueil patriotique et la Bolivie pour récupérer son accès à la mer.



C’est qu’en 1879 la guerre du Pacifique qui oppose le Chili d’un côté, et l’alliance bolivo-péruvienne de l’autre, a permis aux Chiliens d’étendre leur territoire jusqu’aux frontières actuelles tout en ayant la main mise sur les ressources de salpêtre.



Je rentre à nouveau au Pérou, par la grande porte cette fois-ci. On me déroule le tapis. Pas le rouge. Mais le gris roulant où je dois déposer tous mes bagages pour les passer au scanner. Peu agréable surtout quand le chargement du vélo s’est fait il y a à peine 15 kilomètres. Mais bon les douaniers sont ici sympas.



Je roule sur la panaméricaine qui s’écarte progressivement de la mer pour rejoindre Tacna. Longs faux-plats dans le désert … étape sans charme.

Passé les faubourgs Tacna dévoile un petit centre agréable autour de la cathédrale et d’une fontaine attribuée à Eiffel.



Un petit musée d’histoire qui met en scène les héros malheureux de la guerre du Pacifique, et un autre sur les trains avec de belles photos noir et blanc sur les plus hauts ponts du monde ainsi que d’antiques chignoles sur rails.



 

Je quitte la ville après midi. La panaméricaine m’ayant peu convaincu je repars à l’assaut de l’altiplano.

L’ascencion commence dès les  faubourgs. Un premier bivouac trouvé à l’abri de la route. Puis la montée reprend dès 6h30 avec un soleil déjà haut et déjà fort. Car en changeant deux fois de pays mon horloge a failli s’affoler. Une heure de perdue au Chili, et deux de regagnées au Pérou ; le jour est devenu hyper matinal.



La route au pourcentage régulier longe une vallée sèche encadrée de montagnes arides.



Au kilomètre 50 me voici déjà à hauteur du Galibier. 


Les provisions en eau fondent à vue d’oeil, et quand un chauffeur de camion me tend un litre je prends sans hésiter.

Je m’arrête assez tôt le deuxième jour, à l’abri du vent dans une maison abandonnée sans toit, afin d’éviter de trop boire sous le soleil déjà bien présent.



Il ne me restait plus que 3 kilomètres avant de passer le col et d’avoir une vue panoramique sur la cordillère.



J’arrive rapidement à Tarata, petit bourg au pied de la montagne. Je remplis les sacoches d’eau et de provisions, puis me rends à l’hôpital pour changer le pansement.

Et là, mauvaise surprise. L’infirmière découvre un tout petit bout d’os à la surface de la plaie. Je comprends mieux pourquoi elle avait du mal à cicatriser, la blessure.

Comme je ne sais pas quelles autres surprises réserve l’(inutile) opération du bon docteur Lascano, dont l’intervention au chevet de mon auriculaire ne restera tout de même pas dans les annales de la chirurgie moderne, je ne mets pas très longtemps à décider d’arrêter le voyage et de rentrer en France.

dernière rencontre du bord de route

une belle vallée plus verte

descente vers Tarara ... le voyage s'arrête là où se perd la route




Un collectivo me ramène à Tacna, puis un bus de nuit à Lima. De la capitale péruvienne je réserve un billet d’avion pour Nantes où la clinique de la main saura j’espère défaire tout ce qui a été mal fait.

Dernières images, en mode touriste, à Lima...









Paulo fin prêt à prendre l'avion




De ce voyage je ne retiens que le verre à moitié plein. C’est vrai que j’avais prévu d’aller un peu plus loin, mais je ne m’étais pas non plus fixé d’objectif à atteindre absolument, sachant à l’avance toutes les surprises, bonnes ou mauvaises, que tendent à réserver ce genre d’aventures.



Inutile de tergiverser : la Patagonie a été pour moi le point d’orgue de ce périple sud-américain. Bien qu’y ayant souffert du vent et du froid, les paysages andins grandioses ainsi que les déserts de la côte atlantique ont fait de la bicyclette le meilleur moyen de déplacement pour visiter ces espaces sauvages.


Je garde en mémoire les nombreux bivouacs dans des endroits inouïs avec couchers et levers de soleil en bonus.


Préparé depuis quelques temps déjà à l’éventualité d’un retour, j’ai eu le temps de penser à la continuité de ce projet.
Les nombreuses rencontres avec d’autres voyageurs venant de continents divers me laissent que l’embarras du choix pour poursuivre l’errance cyclopédique sur les routes ou pistes du monde.
Mais l’Amérique, c’est certain, j’y reviendrai un jour !

Merci à tous d’avoir suivi ce blog … et au suivant ! 

 


mercredi 1 octobre 2014

¡ Adios Bolivia !



Avant mon ultime descente sur Sucre, la fixation de la sacoche avant ne voulait plus rien entendre : elle sautait à chaque occasion.



A la casa de ciclistas de La Paz, en voyant les sacoches artisanales de l’Anglais Spud, je décide d’en fabriquer une identique pour remplacer celle défectueuse.

Un bidon d’huile vide en plastique trouvé sur le marché, un peu de ferraille et un soudeur déniché à côté du cimetière : je me retrouve pour 10 euros avec une nouvelle sacoche, ou plutôt porte-sacoche, qui j’espère fera pendant quelques temps ses preuves…



Je quitte Oruro cette fois-ci par le sud-ouest. Route plate et soporifique jusqu’à Toledo, où elle se transforme en ripio. C’est la route du Chili avec quelques poids-lourds qui me soulèvent un peu de poussière.


Corque
 
A partir d’Ancaravi je prends à droite vers Sajama et le bitume reprend ses droits.

 
Un peu les mêmes paysages que sur la ruta cuarenta, avec de longs faux-plats plus ou moins montants encadrés par une puna à perte de vue surmontée par des collines ou montagnes à l’aspect lunaire.
Sauf qu’on évolue ici à 4000 mètres d’altitude.
Les lamas sont bien souvent mon unique compagnie.






La petite carte récupérée à l’office de tourisme est bien optimiste sur l’état d’avancement des travaux, car dès Turco je retrouve une route de terre.

Bien qu’encore distant de plusieurs dizaines de kilomètres, le volcan Sajama haut de plus de 6500 mètres offre à chaque virage comme but à atteindre sa silhouette caractéristique.



Le décor devient sublime, et les endroits pour planter la tente ne manquent pas.


la quatrième espéce de camélidés : l'alpaga


 


Après une bonne petite côte,



je rejoints la route internationale, en longeant le volcan avec un petit vent de face bien raffraîchissant, puis oblique bientôt à droite sur une nouvelle piste longue de 11 kilomètres vers le village de Sajama.

 
Très vite le vélo s’enfonce de tout son poids dans le sable, m’obligeant la moitié du temps à pousser ma monture. A deux kilomètres de l’étape je me range sur le côté pour laisser passer un camion, qui vient s’arrêter finalement à ma hauteur. Deux têtes m’interpellent par mon prénom depuis la vitre ouverte ; surprise, il s’agit de Marion et Virgile qui depuis le matin ont quitté La Paz en bus pour reprendre à vélo leur périple depuis le PN de Sajama.


Notre hôtesse d’un soir nous parle du puma qui après plusieurs années de protection est revenu en force aus abords du volcan, au grand dam des éleveurs de lamas impuissants qui voient chaque nuit une ou deux de leurs bêtes disparaître derrière les griffes du redoutable prédateur.



Marion, Virgile et leurs amis bretons ... une fois n'est pas coutûme !

le magnifique village de Sajama...



Après le changement du pansement le lendemain, je retrouve le bitume par une piste cette fois-ci bien plus roulante.
Je passe la frontière par un col perché à plus de 4600 mètres d’altitude et fait halte pour la nuit sur les rives du lago Chungarà, bercé par les cris des nombreux oiseaux qui y trouvent refuge.









Il ne me reste plus ensuite qu’à descendre pour rejoindre le Pacifique : je passe en un jour et demi de 4400 à 0 mètre d’altitude, passant de la très haute montagne à cette vallée embrumée ceinte par des cerros asséchés où il est bien agréable de respirer l’odeur des vergers traversés par un rio pas encore à sec malgré cette fin d’hiver.





tomates, oignons, maïs, élevage...


Arica, bien que chilienne, constitue le principal accès de la Bolivie vers la mer. Les nombreux camions qui attendent parfois des heures à la frontière



finissent leur course au port qui paraît bien petit comparé à ceux de la côte brésilienne.


 
les plages...


le farniente...



cathédrale, oeuvre de Gustave Eiffel




Une belle semaine de voyage avec de splendides paysages et des bivouacs bien sauvages pour dire au revoir à la Bolivie en beauté !