vendredi 3 novembre 2017

Coeur de France (2)

Quand je m’extraie de mon sac de couchage ce matin, le village d’Apremont, auprès duquel j’avais posé la tente la veille sous une pluie continue, se dévoile derrière une brume annonciatrice de beau temps.
Le soleil prend peu à peu le pas sur la grisaille, et la lumière qui irradie soudain l’Allier devient en quelques minutes d’une pureté inégalée.



Apremont

Grossouvre : immeuble ouvrier du 19ème siècle


Au centre de Bourges, la cathédrale Saint-Etienne est un monumental édifice privé de transept et large de cinq nefs.
Les vitraux du 13ème siècle qui encerclent le chevet en sont un des joyaux.





La cité médiévale ne manque pas de charmes 

place Gordaine


César en faisait déjà l’éloge : « une ville qui est la plus belle de toute la Gaule et l’ornement de leur pays » ; cela ne l’empêchera pas de l’incendier.

Mais le monument emblématique est le Palais Jacques Cœur, témoin de l’ascension phénoménale de celui qu’on surnomma « l’argentier du roi ». 

Jacques Coeur


« De tout ce que j’ai construit ou acquis, c’est le seul bâtiment avec lequel je me sente en plein accord, comme s’il était une sorte de matérialisation de ma personnalité et de ma vie.

Sa division entre deux mondes, d’un côté l’ancien qui l’apparente à une demeure seigneuriale,



de l’autre un air d’Italie et déjà des raffinements orientaux



(…) ceux qui continueront à le voir quand j’aurai disparu sauront quelle peut être la force de l’esprit et prendront, je l’espère, leurs chimères au sérieux. »

Les richesses qu’il accumula grâce à ses entreprises orientales lui valurent de nombreuses inimitiés, la disgrâce de Charles VII, puis finalement la chute.

carte de l'empire commercial

la galée, petit navire marchand en quête d'épices et produits exotiques


Dans « Le grand Cœur », Jean-Christophe Rufin revisite dans une envolée romanesque le parcours de Jacques Cœur, en le faisant parler à la première personne.
Le portrait de Charles VII y est savoureux.

A l’écart de l’enceinte médiévale, une zone marécageuse asséchée au fil du temps est devenue aujourd’hui un lieu de promenade pour les Berruyers ; une façon d’observer la cathédrale sous un autre angle.

marais de l'Yèvre et de la Voiselle


Je quitte le Berry par l’ouest,

château Charles VII de Mehun/Yèvre

Vierzon, l'industrieuse ; beffroi gothique

château de Valençay


et entre en Indre et Loire par le bien nommé village de Montrésor, avec son château donné par Napoléon 3 à Xavier Branicki, un ami polonais.




Plus loin, le donjon de Loches domine l’Indre.



La collégiale Saint Ours, au curieux toit à quatre cônes, renferme le gisant d’Agnès Sorel, un autre grand personnage qui gravita autour de Charles VII.

Loches

collégiale St-Ours

gisant Agnès Sorel


La relation que cette maîtresse du Roi entretient avec Jacques Cœur reste mystérieuse ; Jean-Christophe Rufin l’explore avec beaucoup d’ingéniosité dans son roman.


Je poursuis sous la pluie la traversée de Tours, en sautant une à une les rivières du bassin de la Loire : Indre, Cher, puis Loir.

Tours, jardin botanique


centre historique


Saint-Martin partageant son manteau


Froid et soleil m’accompagnent désormais le long de la véloroute du Loir jusqu’à La Flèche.

Bueil-en-Touraine

véloroute du Loir


La Flèche, hôpital militaire

La Flèche


Après Durtal, la forêt de Boudré m’offre un dernier bivouac, avant de glisser plein sud vers Angers, dont l’imposant château domine la Maine, ce court cours qui est en fait le débouché de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir.

Cette confluence de trois rivières constitue en hiver l’une des plus grandes zones humides de France.

Durtal

forêt de Boudré
la Mayenne, zone humide

Angers, la Maine





musée des Beaux-Arts

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