jeudi 4 janvier 2018

Corse ; tempêtes et désert

Il pleut déjà quand je débarque à Ajaccio. Je passe d’un endroit couvert à un autre tout en restant dans le centre.

rue Fesch

place Austrelitz, ou Casone

vue depuis le bois des Anglais


Je profite d’une éclaircie en fin d’après-midi pour gagner mon lieu de bivouac en hauteur dans le bois des Anglais, à quelques hectomètres après le départ du sentier des crêtes.

Une averse de grêle me souhaite la bienvenue le lendemain matin ; le ton est donné.

Je quitte Ajaccio avant midi. Le temps couvert semble vouloir donner des gages d’amélioration.




Première pause pour la nuit à Cargèse. C’est ici que la tempête d’hier s’est acharnée, laissant les installations de nombres de marins avec des dégâts irréparables.


plage de Pero

pointe de Cargèse


Le temps est au beau fixe le lendemain ; idéal pour découvrir « Les Calanche » à partir du petit village de Piana.


Piana


Calanche

Porto
plage de Caspio



Après Porto, alors que je m’apprête à pique niquer, un cycliste avec une longue barbe me rejoint. Après quelques échanges, je finis par reconnaître Tony, croisé pour la première fois il y a plus de dix ans en Croatie, et l’année dernière devant les plants de mâches de la région nantaise.
Le hasard nous réunit à nouveau, en Corse cette fois-ci, et je l’accompagne jusqu’à son habitation provisoire où il travaille quelques jours avant de s’envoler vers d’autres horizons.



anse de Lignaggia


Je continue quant à moi vers le nord. La côte escarpée réduit à peau de chagrin les lieux où planter la tente. Après la descente du col de Palmarella, je trouve mon bonheur et un peu de plat le long du Fango à la nuit tombée.


Monte Senino

Golfe de Girolata

vallée du Fango...



La circulation devient quasi nulle jusqu’à Calvi. J’y croise Christine et Peter, sympathique couple anglais parti en octobre du mur d’Hadrien avec comme objectif d’atteindre la Grande Muraille de Chine … d’un mur à l’autre.
Je suis le premier cyclovoyageur qu’ils croisent depuis leur traversée quasi hivernale de la France.


baie de Nichiareto

pointe de la Revallata

en route vers la Grande Muraille...
côte de l'Ile Rousse...

... vue sur les Agriates



Passé l’Ile Rousse, je gagne en soirée une des trois pistes « carrossables » qui s’engage dans le désert des Agriates. Après cinq kilomètres, la nuit m’oblige à m’arrêter.


la nuit tombe sur les Agriates...




Les sept derniers kilomètres que j’entame dès l’aube et qui me conduisent à la mer ne sont pas une sinécure. Les grosses flaques d’eau me trempent plus d’une fois la chaussure, et le portage des bagages et du vélo s’avèrent parfois obligatoire.


reprise de la piste à l'aube

portage obligatoire



Les descentes successives sont sèches et caillouteuses, et je ne suis pas fâché d’en voir le bout, avec cette vue magnifique depuis cette petite plage avenante défiant le Cap Corse.




Après une bonne collation, il me faut bien repartir. C’est une piste plus centrale qui se charge de me hisser vers un petit col passant à près de 400 mètres d’altitude au pied du Mont d’Arazza.



la piste de cailloux...

... déjà bien pris de la hauteur ...

... mais il en reste encore un peu

Mont d'Arazza, piste et grand bleu


Il m’est paradoxalement plus aisé de monter les cailloux que de les dévaler. Malgré la pente et le poids de Paulo, cet exercice de force me plaît.
Je me téléporte l’espace d’une grosse matinée sur ces pistes sud-américaines qui m’ont tant enthousiasmé.
Le paysage défile avec une lenteur qui me grise. Être seul dans ce désert baigné d’un soleil sans brûlures est un luxe de veille de réveillon qui me convient de goûter sans modération.

Je rattrape la route à regret après treize kilomètres, ainsi que le temps que la piste avait réussi à suspendre dans je ne sais quelle dimension.

Saint-Florent, port tranquille, sert de transition avec le début du Cap Corse.




J’y trouve un spot idéal en face des Agriates. Le soleil qui m’a tant réchauffé de la tempête passée vient s’y écraser pour la nuit. Il n’en se relèvera pas. Il semble avoir contracté un pacte hivernal avec ce désert, et il me laisse seul le lendemain avec la venue d’un nouvelle perturbation.









Les vents de sud-ouest me poussent la plupart du temps le long de cette D80 qui dessine un ruban d’asphalte en montagnes russes permettant de contourner le Cap en surplombant la mer.
Mais chaque retour vers l’ouest me met en face d’un Éole déchaîné. Ses bourrasques me clouent le long de la falaise, et les efforts que je consens pour sortir de leur emprise sont tels qu’il me semble essayer de gravir un col de haute montagne sur le grand plateau.


Nonza



Albo


Après la pause de midi cependant, les éléments prennent un temps mort. J’en profite pour passer de l’autre côté du Cap, après une bonne descente depuis le belvédère du Moulin Mattei.


Morsiglia ; pause déjeuner

moulin Mattei

Cap Corse

Macinaggio


Il est temps de trouver un abri. Le vent que je croyais vaincu reprend de la hardiesse. La pleine lune, rousse et immense, ne semble pas étrangère à ces soubresauts de la météo. La forêt de solides arbustes qui me protègent n’empêchent pas les rafales les plus mordantes (annoncées à 130 km/h) de bien chahuter les arceaux de la tente.





Mon demi-tour de Corse touche à sa fin. 


lever de soleil

une tour génoise parmi d'autres


Je gagne Bastia, très méditerranéenne autour de son vieux port, 


Napoléon, of course

place St-Nicolas

rue Rigo

Vieux-Port

rue du Pontetto

Citadelle


puis me hisse au dessus du petit village de Furiani, pour un dernier bivouac avec vue sur l’étang de Biguglia.


étang de Biguglia


Furiani




Décidément, que ce soit en été ou en hiver, cette île ne me déçoit jamais !

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